La culture Touareg au Niger

 

 


LA CULTURE TOUAREG AU NIGER

Les Touareg, les Touaregs et un Targui, un Touareg, ces particularités de la langue française les Touareg s'en moquent un peu. Pour eux l'appellation adéquate est : Imajeghen, Imouhaghen ou encore Kel tamasheq, celui qui parle le Tamacheq. La dénomination “touareg”, couramment utilisée pour désigner ce peuple, viendrait du nom d’une région nommée Targa, située au Fezzan en Libye.
Lointains cousins des Égyptiens et Marocains, ils ont notamment hérité de leur culture et leur religion : l'Islam.
Pourtant, ils ne sont pas Arabes, les Touaregs sont d´origine Berbère, vraisemblablement des tribus du Nord Maghreb qui ont reculé devant la colonisation arabe. Ils parlent un dialecte Amazigh ancien et l'écriture Tifinagh dans ses nombreuses variantes régionales, a influencé l'alphabet Berbère d'aujourd'hui.
Si l´Islam est un fondement de leur existence, ils ne sont pas grands fervents de pratique religieuse pour la plupart. On retrouve cependant les grands traits de la pratique, la prière est ainsi un moment privilégié.

Outre le Tamacheq, la seule vrai caractéristique des Touaregs, qui explique et englobe toute les autres : Ce sont des Nomades.
Leur territoire, immense, court sur la majeure partie du Sahara. Un pays sans frontière...



Le pays touareg se définit par une communauté culturelle qui noue ses liens identitaires autour d’une langue, et sur la base d’une organisation familiale, sociale et politique.

La population touareg est difficile à évaluer. En l’absence de tout recensement fiable on peut cependant raisonnablement estimer l’ensemble des Touaregs à plus de trois millions d’individus (1,5 à 2 millions au Niger, 1 million au Mali et 500 000 dans les autres pays).

Traditionnellement, il existe sept confédérations touaregs :
Ahaggar (Algérie, Niger)
Ajjer (Libye, Algérie)
Aïr (Niger)
Azawagh (Niger, Mali)
Adghagh (Mali)
Tadamakkat (Mali)
Oudalan (Burkina-Faso)

Durant des siècles, ces confédérations avaient chacune un chef, nommé amenokal. Il avait à charge la protection de tribus et gérait les conflits entre elles (les zones de pâturage, le contrôle du commerce caravanier, etc.).
Chaque confédération était composée de plusieurs tribus et, en général, subdivisée en plusieurs castes :
- Les guerriers, appelés : imouhagh, imoushagh, imajighen, selon les régions.
- Les religieux : ineslmen
- Les vassaux : imghad
- Les artisans : inadhan
- Les serviteurs : eklan ou akli (en fait des esclaves)

Actuellement, cette organisation en castes tend à disparaître au profit d’une structure sociale moins rigide où la seule référence est l’identité touareg (temoust).

L'histoire récente des Touaregs, comme celle de la plupart des peuples du tiers-monde, a été marquée par le contact avec l'homme européen.
La colonisation est, en effet, le phénomène majeur de ce siècle qui a orienté le destin du peuple touareg vers ce qu'il est aujourd'hui.

Avant la colonisation, les Touaregs jouissaient d'un pouvoir politique et économique au Sahara et en Afrique Occidentale. Cette influence se traduisait notamment par l’importance du commerce caravanier.
Les liens avec les autres communautés ethniques se caractérisaient par une complémentarité entre pasteurs et cultivateurs. Les différents peuples s'estimaient, malgré les rivalités et les impulsions guerrières qui les animaient tous.

Le colonialisme a mené une politique qui a contribué, d'une part, à la détérioration des relations inter-ethniques et, d'autre part, à la désagrégation des confédérations touaregs, pour créer de multiples chefferies artificielles plus faciles à contrôler.

Au moment des indépendances, les Touaregs ne réalisèrent pas la portée des changements qu'ils venaient de subir. Le pays touareg se trouva ainsi morcelé et traversé par des frontières absurdes qui correspondaient uniquement, à l'époque, aux limites de compétences des différents officiers de l'administration coloniale.

Depuis les indépendances, les Touaregs se sont retrouvés minoritaires dans tous les pays qui se partagent leur territoire, et il leur est bien difficile de faire entendre leurs voix. Ce qui n'a pas manqué de créer des situations dramatiques et explosives en particuliers au Mali et au Niger, où les différents gouvernements qui se sont succédé les ont marginalisés, quand ils n'ont pas cherché, sciemment, à les réduire.

Les Touaregs vivent ces politiques comme une discrimination ethnique, les ressentent parfois comme des tentatives de génocide. Les régions touaregs se sont vues refuser tout espoir de développement économique et d'épanouissement culturel.

Un climat de contestation / répression s'est instauré sans aucune volonté politique, de la part des autorités nigériennes et maliennes, de traiter cette situation par le dialogue.

Les graves problèmes d'ordre politique s'ajoutent aux sécheresses dramatiques (1973, 1984) qui frappent régulièrement ces régions. Ces aléas climatiques ont fini par saper les bases traditionnelles de l'économie touareg en décimant la presque totalité du cheptel. La grande sécheresse de 1973 a été utilisée comme arme pour en finir avec les Touaregs de façon définitive par les pouvoirs centraux : puits et vivres empoisonnés, aides internationales détournées, populations déplacées.

Cela a conduit beaucoup de Touaregs à se sédentariser ou à s'établir, non sans problèmes, autour des centres urbains, voire à s'exiler. Ainsi plusieurs centaines de milliers de Touaregs nigériens et maliens ont fui vers la Libye et l'Algérie.

Au Niger, la situation s'envenime à la fin des années 80 et en 1990 face à l'absence de réponse gouvernementale, les Touaregs déclenche la rébellion. Durant 5 ans, la région saharienne vit en état d'insurrection et passe sous gouvernement militaire. Les rebelles affrontent les Forces Armées Nigériennes dans une guerre marquée par les exactions. Face à la répression féroce, les Touaregs s'organisent.

L'idée d'un territoire libre touareg du Sahara germe dans les esprits. Mais devant la difficulté de fédérer les différentes factions rebelles et l'absence de soutient de la communauté internationale, cette idée est abandonnée.

La résistance touareg, continue à revendiquer une autonomie pour les régions touaregs. Les négociations entre les autorités nigériennes et la résistance touarègue ont commencé après plus de deux ans de tergiversations obscures destinées à étouffer le problème. La France, l’Algérie et le Burkina Faso ont assuré la médiation entre les deux parties. Un accord de paix a été signé en avril 1995.

Cet accord prévoit une décentralisation des pouvoirs au profit des régions, dans un premier temps son application reste très limitée aux considérations sécuritaires.

Aujourd'hui, dans un contexte international difficile, le Peuple touareg s'interroge sur son devenir.
II est à la recherche d'une solution qui lui permette de surmonter les mutations de !a société, de retrouver sa dignité et d'assurer son existence.

En tant que communauté linguistique et culturelle, le Peuple touareg demande que lui soit reconnu le droit de vivre sur sonterritoire et de gérer localement, dans le cadre de chaque pays, son propre développement.

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