Il n'a suffit que d'un livre de Mouloud Mamery sur le Tassili , d'une brochure  d'horizons Nomade (organisme de voyage), et d'un instant de rêverie générée par le climat froid et pluvieux que nous supportons chez nous en Alsace au mois de décembre pour me dire que ce vieux fantasme qu'est le Sahara est à ma portée de nouveau.
C'est comme s'il suffisait juste d'y penser et que tout se réalise…
Il a repris forme à l'aéroport de Bale-Mulhouse et j'étais inquiet , stressé , impatient.
Avec qui vais je vivre cette semaine folle de mystères?
Hormis mes deux inséparables amis, je me demande qui seront nos futurs compagnons , et notre guide ?
Oui, pour une fois nous avions un guide , et il suffisait donc de se laisser aller au voyage , avec juste quelques bagages , à pieds cette fois , vivre le centre de ce désert que nous avions autrefois traversé.
Et le groupe se forme peu à peu autours des bagages à l'enregistrement, nous voyons des colis étiquetés "Horizons nomades" ou "Père Alain, Assekrem-Tamanrasset".
Notre responsable d'agence , en sandales , le teint bronzé, de ses palabres et de sa gentillesse insouciante nous a fait plonger d'un trait dans cet univers qui allait être le notre:

A l'aéroport le désert était déjà là , en nous…..
Des gens différents de moi , différents les uns des autres , des couples , des solitaires , mais parcourus par le même but : "marcher au Sahara".
J e savais déjà que nous n'allions pas seulement voyager et découvrir de nouveaux paysages , mais que la récompense de ce périple sera d'avoir de nouveaux amis et d'être lié à eux par cette expérience commune, "une tribu en route vers l'inconnu".
Échange de regards pour certains, discussions sur qui on est , ce que l'on fait  pour d'autres.
Demain nous allons vivre la même chose : plonger corps et âmes dans le vide pour une immersion totale dans ce désert d'absolu.

Seulement 4 heures de vol, un direct Mulhouse Tamanrasset,et une arrivée la nuit là bas.
Une arrivée digne d'un film de  fiction : des militaires en armes  essayent d'assurer une sécurité  perdue en Algérie depuis 10ans . On se sent des touristes escortés.
Des touaregs enveloppés dans leurs chèches nous emportent en convoi serré dans

L'impression que j'avais était celle d'un jeune soldat en route pour sa caserne , happé par l'horreur de la guerre qu'il allait vivre , la rupture entre la vie paisible d'avant et un destin qui vous assomme par sa force. Autant vous dire que j'avais un moment eu l'impression de m'être trompé de destination.
Ou est ce que ceci n'est qu'une mise en scène pour un film dont nous seront les         acteurs ?

Après une nuit express, tourmentée de rêves de chez nous, j'ouvre les yeux:
nous sommes dans une pièce vide, plafond blanc, murs blancs sans décorations, nous sommes les seuls meubles.

Le vide de cette chambre du campement est déjà un   signe du vide du désert que l'on attend maintenant
avec une toujours plus vive impatience.


Dehors un mur nous entoure et un grand portail entre ouvert nous laissent apercevoir quelques habitants .
Oui , nous sommes à Tamanrasset, la grande falaise à droite et le célèbre pic volcanique au loin, nous replongent dans nos souvenirs intacts.

Un départ sur les chapeaux de roues, le temps d'acheter "le chèche", indispensable ici, le temps d'entre apercevoir le centre de "Tam" , ces vieilles 504, les touaregs sur leur dromadaire et ces nombreux algériens qui semblent venir du nord du pays pour retrouver un peu de paix dans le désert.
On semble vivre un choc culturel, le passé et l'avenir depuis peu confronté commence à se mêler dans une danse langoureuse.
Nous quittons la ville , comme pour la fuir .
L'accueil était pourtant digne de l'hospitalité des gens du désert, mais face à un tel bouleversement
d'événements notre regard d'occidental et nos certitudes sont mis en déroute.
Après quelques kilomètres nous sortons de la transsaharienne menant au Niger,
et là tout commence, nous sortons du cocon pour une destination inconnue ….